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Mariama Issiaka est la présidente du Groupement des femmes transformatrices de manioc de Tèkparou « Ando Monrou », « ne dormons pas trop » en français dans la commune de Tchaourou au Nord Bénin. Cette jeune femme, la trentaine et mère de cinq enfants a pu gagner son autonomie financière, grâce au Projet d’Appui à la Décentralisation, à la Déconcentration, et au Développement économique local au Bénin (PA3D).
Elle raconte : « Avant, il m’était vraiment difficile de joindre les deux bouts. J’allais au camp peulh acheter des tubercules d’igname auprès des paysans pour les revendre. Difficilement, j’arrivais à faire une recette de 2000 Fcfa par vente. Aujourd’hui, je travaille sous l’ombre et j’ai une autonomie financière, qui me permet de faire face aux charges du ménage.»
Au Bénin, le manioc constitue l’un des principaux aliments de base de la population. D'après les tendances de consommation alimentaire sur cette dernière décennie, le manioc apparaît comme la deuxième source de glucide après le maïs. Il est consommé sous diverses formes et transformé en farine communément appelé en langue locale fon « gari » ou en tapioca. D’où son choix par les communes du Borgou parmi les quatre filières à promouvoir par le PA3D dans le cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle après le maïs, le maraîchage et le petit élevage. Les potentialités pour cultiver à une grande échelle le manioc existent dans la commune de Tchaourou, la plus vaste commune du Bénin, soit 7256 km², mais des contraintes comme la disponibilité des équipements et matériels restent à lever.
La transformation agroalimentaire du gari demeure artisanale, ce qui rend le travail pénible aux femmes rurales. Elles se blessent parfois les doigts en utilisant des râpeuses manuelles. De plus, elles n’arrivaient pas à transformer par jour une quantité importante de manioc.
C’est ainsi que le PA3D a mis à la disposition du groupement de femmes transformatrices de manioc de Tèkparou en juin 2012, une unité de transformation du manioc. Il s’agit d’un bâtiment composé d’un atelier de cuisson, d’un magasin de stockage, d’une salle de râpage et d’une aire de séchage, avec des équipements de transformation, trois (3) presses, une râpeuse, une bascule, un.
Le coût global de l’appui est estimé à environ 15 millions et demi de Fcfa, financé conjointement par le PNUD, l’UNCDF et le Fonds Belge de Sécurité Alimentaire.
Les équipements offerts ont beaucoup diminué la pénibilité du travail de ces femmes. Elles arrivent à transformer 1,5 tonne de manioc par jour contre environ 100 kg, lorsque la transformation était manuelle.
« Depuis l’installation de cet atelier, ma vie a changé. Je réalise chaque fois sur la vente d’un sac de gari un bénéficie de 5000 Fcfa. En l’absence de mon mari, je subviens facilement aux besoins de ma famille. Mes enfants vont à l’école ».
Comme Mariama, ses camarades se réjouissent de la formation reçue du PA3D sur les techniques de transformation. Elles sont plus respectées par leurs maris, selon leurs dires, car elles participent aux dépenses du ménage, à la scolarisation de leurs enfants. Leur sécurité alimentaire ainsi que celle de leurs proches, soit environ 200 personnes est assurée grâce à la transformation et la commercialisation des produits dérivés du manioc.
Le groupement dispose d’un compte épargne dans lequel sont déposés les recettes et les bénéfices de l’exploitation de l’unité. La trentaine de femmes que compose ce groupement s’entraide pour la production, la récolte et la transformation du manioc. Les équipements et matériels sont utilisés en commun.
Une difficulté des femmes, l’approvisionnement en matières premières notamment le manioc pour faire tourner à plein régime les machines de transformation agroalimentaire.
Pour Monsieur Eliab Biaou, Responsable Communal de la Production Agricole, les dispositions sont en train d’être prises au niveau de la mairie de Tchaourou pour que les jeunes s’intéressent davantage à la production de tubercules de manioc, une filière porteuse d’avenir. D’ailleurs, le gouvernement béninois envisage d'accroître la production du manioc pour passer de 2 809 000 tonnes en 2007 à 8 500 000 tonnes en 2015, en vue de satisfaire, non seulement la demande nationale, mais d'en assurer une plus grande disponibilité sur les marchés environnants comme celui du Nigeria.