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En attendant leur tour, Marion Sesay et ses deux collègues bavardent à l'ombre du bureau de payement. Infirmières à l'hôpital local, elles ont droit à une prime de risque, un supplément qui leur est versé une fois par quinzaine pour les risques professionnels en période d'Ebola. « Cet argent nous aide énormément », explique Mme Sesay.
« Nous le consacrons à nos enfants et à nos familles. C'est bien de gagner de l'argent, mais nous souhaitons en finir avec cette crise ». Pour ce troisième versement, Mme Sesay et ses quelque 16.000 collègues sierra-léonais ont reçu, sur leur téléphone, un message leur indiquant le montant et le lieu de paiement de leur prime, mais aussi leur code de sécurité. Ce système de paiement mobile, mis en service pour la première fois une semaine avant Noël, apporte beaucoup de satisfaction.
« Ce [cycle] est meilleur que le dernier », se réjouit Mme Sesay.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), travaillant étroitement avec les experts du Fonds d'équipement des Nations Unies (FENU) a conclu un partenariat avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement pour rationaliser le processus de paiement confié au Centre national de lutte contre Ebola (NERC), l'organe chargé de superviser les paiements en espèces.
Fort de sa longue expérience mondiale en transferts et paiements monétaires, le PNUD aide à accélérer le déploiement et l'amélioration du système en vue de satisfaire toutes les parties prenantes. « Il est essentiel de payer les travailleurs d'Ebola », souligne Sudipto Mukerjee, directeur de pays du PNUD. « Nous devons veiller à verser le bon montant à son destinataire légitime, à temps ». C'est ainsi que le PNUD s'emploie à combler les lacunes de ce système flexible et efficace, qui exige une attention soutenue et l'appui d'experts.
Le paiement mobile a été adopté pour répondre aux besoins spécifiques de la Sierra Leone, où la pratique est déjà largement connue des abonnés de réseaux de téléphonie mobile. Avec des milliers de points de paiement à travers le pays, les travailleurs d'Ebola peuvent, SMS en main, se rendre chez n'importe quel payeur homologué pour percevoir leur prime de risque. « Le système est bon et semble efficace », note Tenzin Keyzom Ngodup, spécialiste en transfert d'argent au PNUD. « Il est très important de garantir la responsabilité, la transparence et la ponctualité ».
Quatre-vingts pour cent des travailleurs possèdent un téléphone portable, et près de 90 pour cent un compte bancaire. En même temps qu'il répond aux besoins immédiats des intervenants de première ligne, le système de paiement mobile offre l'opportunité de prendre en charge les besoins à long terme des communautés pauvres et vulnérables du pays, qui pourront désormais accéder au système financier.
« Cette vision du PNUD va au-delà de la crise », confie Mme Ngodup. « Certes, il s'agit d'abord de réagir et de répondre à la crise actuelle, mais nous envisageons d'utiliser ce type de plateforme pour d'autres crises ou pour l'inclusion financière de manière générale ». Le PNUD continuera d'apporter un appui technique au NERC, dans le cadre de l'Équipe de rémunération en espèces, et d'améliorer le système pour permettre à chaque travailleur d'Ebola de recevoir sa prime de risque à temps et en toute transparence.