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Plus d’eau, moins loin

Dans les villages les plus éloignés du Niger, la pénurie d’eau s’aggrave et devient un sujet de préoccupation pour de nombreuses personnes. En raison du changement climatique, la population du district de Dosso a de plus en plus de mal à trouver des sources d’eau potable sûres et sécurisées. Étant donné le nombre limité d’options disponibles, un nombre croissant d’habitants sont prêts à parcourir de très longues distances pour assurer leurs besoins quotidiens en eau.

Pour certains, la collecte de l’eau représente une journée entière de travail. C’est notamment le cas de Fatima Dankani, qui consacre six à huit heures de sa journée à la collecte et au transport de l’eau qu’elle ramène dans son village, situé à un kilomètre d’un puits récemment réhabilité par l’UNCDF dans le cadre du Mécanisme de financement de l’adaptation au niveau local (LoCAL), à Dan Kassari (à la frontière du Nigéria et si loin de tout qu’elle n’est desservie par aucune route goudronnée).

Avant la réhabilitation du puits, Fatima devait parcourir quatre ou cinq kilomètres pour trouver de l’eau. Cela lui prenait plus de 12 heures alors qu’elle ramenait moins d’eau. Et il lui arrivait parfois de trouver le puits à sec.

« Depuis que le puits a été remis en état, ma vie a changé, affirme Fatima. Je rapporte de l’eau pour deux familles : la mienne et celle de mon mari. Cela fait en tout sept personnes qui dépendent de moi au quotidien. Je ne peux pas les abandonner. »

Âgée de 22 ans et mère de trois enfants, Fatima effectue chaque jour plusieurs allers-retours entre le puits et son domicile, transportant ainsi près de 38 litres d’eau. Son fils, Nazir, l’accompagne parfois au cours de ces longues marches, mais il est trop petit pour porter quoi que ce soit. Pendant la saison sèche, elle doit parfois faire le même parcours jusqu’à cinq fois par jour.

« Ma famille et moi avons largement bénéficié de la remise en état du puits. Je suis reconnaissante, car cela a allégé mon fardeau. Avant, les enfants pleuraient quand ils devaient m’accompagner jusqu’au puits, mais je ne pouvais pas les laisser seuls à la maison, surtout les plus petits, car il n’y avait personne pour s’occuper d’eux. »

Même s’il n’est pas d’ici, Nazir est venu avec Fatima assez souvent pour se faire des copains parmi les enfants du village. Pendant qu’il joue sous la surveillance de sa mère, cette dernière puise l’eau qui est ensuite transvasée dans deux grands récipients en plastique jaune reliés par une longue lanière, que Fatima transporte avec habileté. Elle explique que c’est la méthode la plus pratique, à la fois pour son propre confort et celui de son enfant.

« Quand un nouveau puits est ouvert, de nombreux habitants des villages voisins viennent y chercher de l’eau et la demande augmente », poursuit-elle.

Dan-Kassari est rattachée au département de Dogondoutchi, dans la région de Dosso. Elle comptait environ 72 000 habitants en 2010. Certaines des personnes qui viennent chercher de l’eau au puits réhabilité vivent pourtant beaucoup plus loin. La modification du régime des précipitations ne permet pas de savoir quels seront les puits alimentés en eau. Cette incertitude se traduit par une augmentation de la demande.

Le puits réhabilité a été conçu pour assurer une perte d’eau minimale lors du puisage. Un collecteur d’eau a notamment été installé tout autour. La majeure partie de l’eau qui s’échappe et s’écoule le long des parois lors du puisage est ainsi récupérée dans une sorte de baquet où le bétail et les animaux utilisés pour le transport vont boire. Cette technique permet non seulement d’abreuver les animaux, mais aussi de réduire la quantité d’eau à transporter puisqu’il n’est plus nécessaire d’en donner une partie aux bêtes sur la route du retour.

Même si Fatima n’a pas de bétail pour transporter l’eau qu’elle ramène dans son village, elle salue les efforts du programme LoCAL qui ont permis la réhabilitation du puits. Cela lui facilite grandement la tâche tout en contribuant à satisfaire les nombreux besoins de son village. « Mes enfants pourront m’aider quand ils seront plus grands », assure-t-elle.

Comme l’explique Sophie De Coninck, responsable du programme LoCAL pour l’Afrique : « L’histoire de Fatima illustre parfaitement en quoi la prise en compte de la variabilité et du changement climatiques permet aussi de répondre aux besoins nécessaires en matière de développement, tels que l’accès à l’eau potable ou les problématiques liées au genre. Le programme LoCAL Niger s’efforce d’améliorer la connaissance et la compréhension des risques climatiques et des vulnérabilités au niveau local pour aider les populations à prendre des décisions éclairées en matière d’adaptation. Nous avons adopté une approche pragmatique afin de renforcer la capacité des collectivités locales à faire face au changement climatique, tout en commençant à accroître la résilience des populations les plus vulnérables grâce à des mesures d’adaptation dites ‘sans regrets’, qui seront les premières d’une longue série. »