M-Dorado: réalité ou mythe ?
Par Sabine Mensah
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Sabine Mensah
Spécialiste Technique Régionale, Finance Digitale
mm4p.benin@uncdf.org
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UNCDF MM4P EN BREF
MM4P est un programme international lancé au Sénégal par l’UNCDF en partenariat avec The MasterCard Foundation. MM4P apporte son soutien au développement de la finance digitale dans des pays parmi les moins avancés dont le Sénégal, le Bénin et la Zambie. A travers ce programme, UNCDF démontre qu’un soutien financier, technique et institutionnel peut aider au développement d'un écosystème de la finance digitale. L’objectif du programme est de rendre ces services financiers accessibles aux personnes à faibles revenus dans ces pays et ainsi de contribuer à l’inclusion financière mentionnée dans les ODD (Objectifs de développement durable). Pour plus d'informations, rendez-vous sur mm4p.uncdf.org et suivez @UNCDFMM4P et UNCDF MM4P sur LInkedIn.
Avez-vous déjà entendu parler de M-Dorado? Le paradis du tout-numérique, ou les services financiers digitaux transforment – améliorent – le quotidien des populations, permettent de faire des affaires plus facilement et à moindre coût, imposent la transparence au grand dam de la corruption et de la mauvaise gouvernance. Sans aller vite en besogne, on peut dire que l’Afrique est en -bon- chemin pour M-Dorado. Prenez le Kenya : en 2015, plus de 15 millions de compte de monnaie électronique M-Pesa actifs, plus de 58% de la population adulte a un portemonnaie électronique. D’aucuns citeraient même que plus de 43% du Produit Intérieur Brut (PIB) du Kenya transite à travers le système de paiement M-Pesa, le portemonnaie électronique offert par l’opérateur téléphonique Safaricom. Aujourd’hui, on peut faire tant avec M-Pesa au Kenya : acheter des unités pour son téléphones, envoyer de l’argent, payer la plupart de ses factures, faire des achats, emprunter de l’argent ou en retirer pour faire des dépenses en espèce.
Le Bénin, comme la majorité des pays africains, n’est pas le Kenya. Mais, la révolution numérique est bel et bien en marche! Tenez, le 19 Janvier dernier, Cotonou a accueilli la première rencontre de l’année du groupe de travail sur la finance digitale. Ce forum de discussion et de partage d’expérience sur les services financiers digitaux a été mis en place par le programme UNCDF-MM4P sous la présidence du Ministère de l’économie et des finances et la coprésidence de la BCEAO Nationale. En matière de finance digitale, le Benin est en train d’amorcer une phase d’expansion des services. En 2015, plus d’un million de compte de monnaie électronique étaient enregistrés sur le marché avec un taux d’utilisation actif de plus 30%.
Ce forum du groupe de travail a accueilli la crème de l’industrie: régulateurs des services financiers et des télécommunications, opérateurs mobiles, institutions de microfinance, banques, etc… ; signe que l’intérêt porté à la question de la finance digitale n’est plus à démontrer. Autre signe rarement trompeur : l’intensité et la richesse des échanges. La rencontre a débuté par une session sur les fondamentaux de la finance digitale pour s’accorder sur ce que les expressions et anglicismes signifient. Une mise au point sur les définitions qui a été suivi d’une séance sur le cadre réglementaire. Les participants se sont penchés sur ce que la loi au sein de l’UEMOA permet en matière de paiements digitaux et sur les conditions et modalités d'exercice de l'activité des émetteurs de monnaie électronique en passant par la réglementation bancaire au Bénin et la réglementation des SFD au Bénin pour finir par la lutte contre le financement du terrorisme en République du Bénin et la lutte contre le blanchiment des capitaux.
Enfin, il y a eu une discussion extrêmement riche sur le potentiel des services financiers digitaux comme levier d’inclusion financière ; comment accélérer l’émergence de nouveaux modèles de partenariat et de produits pour mieux servir les besoins des clients et faciliter l’adoption des service financiers digitaux par les couches vulnérables de la population ?
Les échanges ont aussi abordé les freins à l’adoptions des services financiers digitaux pour focaliser notamment sur la peur des utilisateurs en cas d’erreur (comment récupérer son argent si on l’envoie par erreur à un mauvais numéro ?), ou encore la protection contre les cybers criminels. On a entendu beaucoup de propositions : mesures d’accompagnement pour la gestion des réclamations, amélioration des menus et fonctionnalités gérant les transferts d’un téléphone mobile à l’autre, partenariat avec les services de police en charge de la cybercriminalité, ou encore campagnes de sensibilisation.
Fait très appréciable: les discussions ont débouché sur la proposition de créer des sous-commissions pour aller jusqu’au bout de ces réflexions et, lors de la prochaine rencontre du groupe de travail sur la finance digitale, de présenter des recommandations et plan d’actions concrets pour démystifier l’utilisation de la monnaie électronique, doper son adoption et garantir la sécurité des usagers.
En avant pour M-Dorado!!!