Pour aller plus loin dans le parcours digital
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Bery Kandji
KM Consultant au Sénégal
bery.kandji@uncdf.org
https://mm4p.uncdf.org
Sabine Mensah
Spécialiste Technique Régional, Finance Digitale
mm4p.senegal@uncdf.org
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La zone UEMOA dispose d’un cadre réglementaire qui permet aux institutions de microfinance (IMF) mais également aux acteurs non bancaires comme opérateurs de téléphonie mobile (OTM), spécialistes des transferts d’argent, etc., de fournir des services financiers décentralisés aux individus et aux entreprises. La BCEAO, autorité de régulation, favorable à l’introduction de nouveaux moyens de paiement scripturaux et électroniques, a inscrit dans ses priorités l’augmentation du taux de bancarisation et la protection des utilisateurs de la finance digitale.
Un des objectifs du programme MM4P est d’appuyer le développement de l'écosystème de la banque à distance dans les pays où il est installé. En Afrique de l’Ouest, le programme aide à mettre en place les conditions règlementaires qui permettent à un grand nombre d’acteurs d’offrir des services appropriés dans les zones les plus reculées. Cela dans l’objectif de mieux couvrir leurs besoins tout en améliorant la sécurité de leurs opérations.
Afin de permettre aux IMF d’avoir une meilleure compréhension de la marche à suivre pour se lancer dans le déploiement de solutions de finance digitale et des options possibles dans le cadre réglementaire en vigueur, MM4P a organisé, en partenariat avec CGAP, IFC et Helix Institute, un atelier régional le 08 mai 2017 au Radisson Blu à Dakar. L’atelier a réuni des IMF de sept pays de la zone UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali , Niger, Togo, Sénégal, déjà engagées dans la finance digitale ou souhaitant s’y engager ainsi que des représentants des régulateurs.
Les participants ont eu l’occasion d’échanger sur le contenu du guide élaboré par CGAP, « La Banque à Distance et la Finance Numérique pour les Services Financiers Décentralisés de la Zone UEMOA ». Un document capitalisant la démarche de l’étude de faisabilité menée en faveur du Réseau des Caisses Populaires du Burkina Faso (RCPB) lors de l’introduction d’une solution financière digitale dans ses opérations.
Les échanges se sont approfondies lors des deux panels de discussion qui ont suivi cette présentation. Le premier, animé par IFC, a porté sur les facteurs déterminants du choix des options de finance numérique actuellement expérimentées par certaines institutions représentées. Que ce soit l’option réseau d’agents, comme dans le cas de Microcred au Sénégal , ou l’option mobile banking adoptée par Advans en Côte d’ivoire, en partenariat avec un OTM, les échanges ont révelé que les clients ont rapidement adopté le produit proposé par les IMF. L’une des contraintes cependant notée reste la définition d’un bon business model.
Le deuxième panel animé par MM4P a permis d’aborder des sujets tels que la signature électronique, la souscription digitale aux services ou encore le plafonnement des taux d’intérêt, des questions incontournables pour les institutions qui entreprennent une démarche digitale.
Au Sénégal la signature électronique est acceptée de façon réglementaire par tous les acteurs et des travaux sont menés par l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE) pour son acceptance. Et la BCEAO est assez engagée pour l’expansion des services financiers digitaux. Néanmoins, les participants ont soulignés certains points qui pouvaient constituer un frein à leur engagement dans le processus de digitalisation. A ce titre, la nécessité d’ouvrir le canal USSD à tous les acteurs a été évoquée, mais aussi l’importance de la coopération entres les régulateurs pour assurer un certain équilbre entre les acteurs des télécommunications et les acteurs financiers. Les services de crédit et épargne digitaux ont également été débattus, notamment les aspects liés à une tarification appropriée de ces services qui ne peuvent emerger qu’à travers des partenariats multipartites entre les institutions financieres, les OTM, les Emetteurs de Monnaie Electronique et des fintechs spécialisés dans le scoring du risque crédit. Le contexte de la zone UEMOA ,avec un taux plafonné à 24 pourcent par an pour les SFD et 15% par an pour les banques, limite la rentabilité du modèle économique de projets de nano crédit et épargne digitaux. Néamoins, de bonnes perspectives se dessinent avec l’engagement de la BCEAO à promouvoir les innovations financières dans la stratégie régionale d’inclusion financière en cours de mise en œuvre.
Pour donner un aperçu plus concret des défis à relever et de l’impact des services financiers décentralisés, les participants ont bénéficié de l’expérience de la Commercial Bank of Africa (CBA) du Kenya qui a lancé respectivement des produits d’épargne et de crédit digital M-Shwari au Kenya, M-Pawa en Tanzanie et MoKash en Ouganda, avec succès. Monsieur Andrew Mwithiga, Chargé de Produits à CBA a présenté, par vidéoconférence, les trois produits qui offrent des services d’épargne et/ou de crédit et le contexte réglementaire dans lequel ils ont été déployés. M Mwithiga est largement revenu sur les différentes étapes du processus de création des produits ainsi que les différentes difficultés rencontrées. Des produits qui ont connu un franc succès permettant ainsi à CBA de passer de sixième à première banque du Kenya en termes de portefeuille clients.
Le pari de cet atelier était de créer une dynamique au sein de l’écosystème financier de la zone UEMOA, où les régulateurs portent les initiatives menées par les acteurs du secteur privé, avec l’assistance technique de MM4P. MM4P a d’ailleurs partagé avec l’audience son projet d’appel à candidature pour la sélection de parternaires financiers et mobile pour soutenir l’émergence d’offre de crédit et d’épargne digital adapté aux besoins des clients au Sénégal.
Pari relevé ! A l’issue de cette journée d’échanges, les participants sont repartis avec une nette vision des défis qui les attendent sur la route de la finance digitale et des perspectives qui leurs sont offertes.
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