Sortir de la vulnérabilité grâce au warrantage : Témoignages
Safia Illa est l’une des vingt femmes membres du groupement féminin de warrantage du village de Zaroumey, dans la commune de Kanembakache au Niger. À 24 ans, elle a le visage marqué par deux cicatrices révélant son appartenance à l’ethnie haoussa. Six fois mère déjà - rien d’étonnant dans cette partie du Niger ou le mariage précoce est monnaie courante – Safia Ila, fait plus que son âge.
Safia Illa, Membre d'un groupement féminin de warrantage au Niger.
Safia a vécu des moments difficiles dans l’angoisse et la peur des lendemains incertains. « Avant l’arrivée du PADEL, nous vendions tout l’excédent de nos récoltes à la fin de la saison hivernale. Et au moment de la soudure, nous n’avions plus rien, nos greniers étaient désespérément vides.» Aujourd’hui, pour Safia comme pour beaucoup d’autres femmes du groupement féminin, cette période n’est qu’un lointain et mauvais souvenir.
De l’avis de la jeune femme, l’intervention du Programme d’Appui au Développement Économique Local (PADEL), financé depuis 2010 par UNCDF, le Fonds Belge de Survie, le Grand-Duché du Luxembourg et le gouvernement du Niger, représente une action salutaire. Et pour cause, explique-t-elle « Le PADEL nous a rendu la joie de vivre. Avec l’opération warrantage, non seulement nous vivons mieux, mais nous avons surtout l’assurance d’un lendemain meilleur. Nous ne vivons plus dans l’angoisse de ne plus disposer du moindre grain de céréale lors de période de soudure. »
Le warrantage consiste à déposer un warrant (vivres) auprès du groupement en échange d’une somme d’argent. Cette somme est alors investie dans une activité génératrice de revenus, qui permet à terme à la personne bénéficiaire de rembourser la somme reçue en échange de son warrant. Safia explique qu’elle a déposé trois sacs de mil comme warrant et a bénéficié d’une somme de 24.000 francs CFA. « Avec cet argent, j’ai acheté un mouton à 16.500 francs, et j’ai dépensé le reste de l’argent pour ma famille. À chaque fois que je rembourse la somme perçue dans le cadre de notre groupement, j’achète un autre animal. J’ai renouvelé plusieurs fois l’opération et aujourd’hui je suis en possession d’un taureau et de quatre petits ruminants sans compter le capital.»
Depuis 2010, le PADEL a investi plus de 800 millions de francs CFA et est mis en œuvre dans les huit communes du département de Mayahi, région de Maradi. Le programme finance des infrastructures de base, adaptées aux besoins identifiés à travers la mise en place d’un Fonds de Développement Local (FDL), et ce, en vue d’appuyer des initiatives de renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des collectivités locales toute réalisées sous maîtrise d’ouvrage communale.
Safia Illa est aujourd’hui autonome. Depuis qu’elle a adhéré au groupement de warrantage de son village, elle assure ses propres dépenses et celles de sa famille. Elle parvient même à mettre à la disposition de son mari le taureau qu’elle a acheté. Attelé à une charrette, l’animal sert à diverses tâches, notamment le transport des personnes et des biens, celui de la paille, du sable et de l’argile.
Interrogée sur les leçons apprises de son adhésion au groupement de warrantage, Safia affirme que le plus important pour elle aujourd’hui est de ne plus être vulnérable. « Ce qui me réjouit, c’est de ne plus vivre dans l’incertitude. Aujourd’hui, je regarde l’avenir avec espoir grâce au projet PADEL. Certaines de mes sœurs qui ont refusé d’adhérer au groupement, le regrettent maintenant, et nous envient », conclut-elle.
Un pas vers l’autonomisation
Safia et la coopérative de femme n’est pas la seule à avoir vu son sort s’améliorer grâce à l’appui d’UNCDF et de ses partenaires. La soixantaine révolue, Gambo HAYA est l’une des personnes vulnérables du village de Guidan Sani dans la commune urbaine de Mayahi, au Niger. Aujourd’hui membre et Président de la coopérative des handicapés locomoteurs, mise en place par le Programme d’Appui au Développement Économique Local (PADEL) de Mayahi, le vieil homme vivait auparavant de la charité de ses concitoyens. La coopérative des handicapés locomoteurs est l’une de ses nombreuses initiatives financées depuis 2010 par le PADEL pour assurer la sécurité alimentaire.
Gambo HAYA, bénéficiaire du projet PADEL.
Un jour, se souvient-il avec émotions, les « gens du PADEL sont venus me voir et m’ont demandé d’abandonner la mendicité et adhérer à la coopérative de warrantage qu’ils envisageaient de mettre en place dans notre village. J’ai accepté cette proposition avec bonheur. J’ai commencé l’activité il y a six ans. Depuis cette date, j’ai cessé de mendier, tout comme les autres personnes vivant avec le même handicap que moi. Cette année, j’ai perçu 80.000 Francs CFA. J’ai acheté deux petits ruminants, dont un mouton et une brebis, le tout à 35.000 F CFA et le reste je l’ai investi dans mon activité de tissage. Le PADEL nous a permis de nous former dans ce métier et moi-même j’ai formé d’autres jeunes du village. Mais, ils n’ont pas de fonds pour débuter l’activité. » conclu- t-il. Gambo HAYA est aujourd’hui autonome et leurs produits sont vendus sur le marché de Mayahi « Nous vendons la chaise à 6.000 voir 7.000 F CFA et le lit de camp à 16.000 F CFA. Dieu merci, grâce à cette activité, nous ne mendions plus et sommes mieux considérés dans la société. Merci PADEL. »