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L’autonomisation des femmes grâce à l’élevage de la volaille

  • September 27, 2016

  • Tchaourou, Benin

Azaratou vit à Badékparou dans la commune de Tchaourou, au Nord Bénin. Mère de six enfants, auxquels il faut ajouter ses quatre nièces et les enfants de sa défunte coépouse, cette cinquantenaire joignait difficilement les deux bouts. Elle devait prendre en charge au moins 14 personnes. Même si son mari, cultivateur, ramenait des vivres à la maison, il lui manquait de l’argent pour acheter des denrées de bases et pour faire face aux besoins quotidiens. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles ses trois premiers enfants n’ont pas pu être scolarisés, nous confie-t-elle. « Je n’avais pas de revenus, on allait tous au champ. On n’arrivait même pas à prendre tous les trois repas de la journée ». Aujourd’hui, le sourire aux lèvres, Azaratou déclare fièrement : « J’ai mes coqs et mes œufs ; je peux manger à ma faim et je vends mes produits d’élevage. Toute la famille vit bien et j’en suis très contente ».

Azaratou et son élevage de volailles, Commune de Tchaourou, Bénin

Azaratou a été identifiée par la mairie de Tchaourou comme étant l’une des personnes vulnérables à la sécurité alimentaire. C’est ainsi qu’elle a bénéficié de l’appui du Projet d’appui à la Décentralisation, à la Déconcentration et au Développement économique et local (PA3D), soutenu par UNCDF. Ce projet phare au Bénin vient en appui aux couches défavorisées du pays et environ 203 245 993 de francs CFA ont été investis dans la commune de Tchaourou. Même si le PA3D a pris fin en 2014, les retombées sont toujours présentes aujourd’hui. En effet, les quelque 16 millions de FCFA injectés dans l’élevage intensif de volaille de basse-cour ont permis à plusieurs personnes vulnérables des villages de Koro, Tchaourou, Badépkarou et Barérou de vivre de cet élevage aujourd’hui et de mettre fin à des problèmes d’insécurité alimentaire.

Une activité génératrice de revenus

L’élevage de la volaille fut un choix volontaire pour Azaratou, qui estimait que le besoin était là et qu’elle pouvait y gagner des revenus en fournissant moins d’efforts comparativement aux travaux champêtres. Grâce au Fonds de Développement Local, mis en place avec l’appui du PA3D, la mairie lui a fourni un poulailler constitué de dix poules et un coq pour démarrer. Après quelques semaines de formation, tout comme les autres bénéficiaires, elle est devenue rodée en élevage de volaille et ne quitte plus ses oiseaux. Pendant un an, elle a également bénéficié des conseils et soins d’un vétérinaire. Avec les recettes issues de la vente de la volaille, elle a construit une chambre en dur et un autre poulailler sur le site, que lui a offert son mari.

Azaratou est passionnée par l’élevage de la volaille et ne compte plus abandonner cette activité. Tous les matins, elle marche pendant quelque 25 minutes pour se rendre à son poulailler, situé à la lisière du village. Arrivée sur les lieux, elle ouvre son poulailler en fredonnant une chanson en langue bariba, la langue la plus parlée dans la localité. Une vieille boîte de conserve de tomate en main, Azaratou lance à la volée des graines de maïs mélangées à de la provende aux oiseaux de la basse-cour. Puis, elle se met à nettoyer le poulailler avec soins. Les fientes de ses poulets vont servir de terreau à son champ de maïs situé juste derrière le poulailler.

Sur le plan alimentaire et nutritionnel, Azaratou nourrit désormais bien sa famille. « Avec l’appui de ce projet, je vis bien. Je mange bien et beaucoup d’autres femmes veulent m’imiter » affirme-t-elle. Ses revenus se sont accrus. « Mes poulets constituent pour moi de l’épargne. À tout moment, que j’ai besoin d’argent, il suffit d’en prendre quelques-uns pour aller vendre au marché de Parakou. Je vends mes poulets par lot de 50 à raison de 1200 FCFA l’unité. Je gagne en moyenne par vente 60 000 FCFA ». Ainsi, les habitants des environs peuvent se procurer de la volaille à moindre coût que dans la capitale, Cotonou, où un poulet en coûte 3000 CFA.

Azaratou n’a plus de difficulté pour payer les frais de scolarisation pour ses enfants. « Grâce au PA3D, mes 3 derniers enfants poursuivent normalement leurs études, l’un d’entre eux va au Brevet d'Études du Premier cycle (BEPC) ».Elle diversifie aussi ses activités en faisant de l’apiculture. Avec une partie de l’argent épargné, elle a démarré la construction d’un puit non seulement pour disposer de l’eau en permanence sur son site, mais aussi pour aider ses voisins du village à s’approvisionner en eau potable.