Amadou rêve de devenir le premier éleveur de béliers du Borgou
Gorobani est un petit village de la commune de Pèrèrè au Bénin. La population, à majorité analphabète, subit régulièrement les conséquences de l’insécurité alimentaire. Le Projet d’Appui à la Décentralisation, à la Déconcentration et au Développement (PA3D), appuyé par UNCDF, vise à renforcer le processus de décentralisation au Bénin et contribue à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en améliorant de manière durable les conditions de vie des populations des milieux reculés et vulnérables à l’insécurité alimentaire.
L'élevage de petits ruminants est une activité traditionnelle au Bénin
Dès 2011, le P3AD a ciblé les foyers les plus vulnérables pour apporter un appui en élevage d’embouche ovine. Pour les deux premiers cycles d’investissements, un total de 74 097 154 FCFA ont été injectés dans l’économie locale pour installer 38 personnes vulnérables et les équiper pour l’élevage traditionnel de moutons.
L’intervention du projet a, entre autre, bénéficié à Mme. Assiba Azaratou une vieille dame de 80 ans. Celle-ci a démarré le projet, mais vu son âge avancé, a dû abandonner au profit de son fils, Amadou Moussadikou. Les 38 ans révolus, il est le benjamin d’une famille de 4 enfants. Ayant été souvent malade par le passé, il lui a été interdit de mener des activités nécessitant trop d’effort physique. Il abandonna donc les travaux champêtres pour se consacrer exclusivement à l’élevage. Amadou, a perdu sa femme lors de l’accouchement de leur cinquième enfant. Aujourd’hui, il s’est remarié à une veuve, mère de 2 enfants avec qui il a eu 3 autres enfants.
Ayant 10 enfants à charge, Amadou a bénéficié d’un appui substantiel à hauteur de 7 713 000 FCFA. Dès l’arrivée du PA3D à Gorobani en 2011, il a tôt fait d’assister sa maman dans les tâches afférentes à la bergerie et la formation dont celle-ci a bénéficié des vétérinaires des Centres Communaux pour la Production Agricole (CeCPA) chargés du suivi de la réalisation du projet. Le Projet PA3D leur a installé une bergerie en matériaux définitifs et fournit 36 ovins. Il a également bénéficié d’une quantité d’aliment suffisante pour une durée d’un an d’élevage, d’une visite d’échange et du renforcement de ses capacités notamment dans le domaine de l’alimentation des ovins.
Deux mois après ce soutien, Amadou a perdu accidentellement 24 moutons dû à l’intoxication des fourrages traités à l’herbicide. Les petits ruminants sont tombés malades et sont morts. Des 12 restants, 1 animal aveuglé par ses paires et ne pouvant pas être vendu à la tabaski a été consommé dans le ménage, les 11 autres ayant pu être vendus à la tabaski pour un montant total de 704 000 FCFA. Avec ce montant en poche, Amadou a pu renouveler le cheptel et acheter 30 animaux supplémentaires pour un coût total de 529 000 FCFA. Le montant restant lui a servi à faire des provisions d’aliments pour l’élevage (2 sacs de maïs à 24.000 FCFA, 7 sacs de son de soja à 17 500 FCFA) et des frais de soins vétérinaires (15 500 FCFA).
L’élevage de petits ruminants étant une activité traditionnelle sur l’ensemble du Bénin, .Le programme a permis de mieux structurer cette activité à travers la formation des bénéficiaires et les différents appuis du projet PA3D ont permis de rendre disponible la viande dans les régions reculées. « Ce programme a eu un impact considérable sur l’environnement institutionnel et financier des communes. Il a amélioré les filières agricoles stratégiques qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des communes et les politiques publiques locales des communes des zones d’Intervention du Projet se sont nettement améliorées », a souligné Mme Mariétou Tamba, Mairesse de Pèrèrè, l’une des rares femmes à diriger une Commune au Bénin.
Avec ses connaissances nouvellement acquises et son activité génératrice de revenus, la vie d’Amadou s’est nettement améliorée. « Je paie la contribution scolaire de mes enfants et le reste, j’épargne pour nourrir, soigner à petit coût la famille et les bêtes durant toute l’année ». Aujourd’hui, l’espoir est de retour et Amadou rêve devenir le premier éleveur de béliers du département du Borgou.