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Salamatou, l’unique éleveuse de petits ruminants et la fierté du village

  • September 27, 2016

  • Borgou, Benin

Au Bénin, la commune de Bembèrèkè comme toute la région Borgou est une zone de production animalière par excellence notamment de gros bétails. Salamatou Tabé vit à Wanrarou, un village situé à 30 minutes du centre-ville de Bembèrèkè. La quarantaine environ, c’est une femme débordante d’énergie et d’initiatives. Mère de six enfants, dont des jumelles de 4 mois, cette mère de famille a compris qu’elle pouvait arrondir ses fins de mois en élevant des petits ruminants.


Salamatou Tabé et son élevage de petits ruminants.

« En période de fête de Tabaski nous nous approvisionnons dans le Borgou », explique Moussa, un grand revendeur de moutons rencontré à Cotonou, la capitale économique du Bénin. La filière viande se développe et la commercialisation du bétail prend de plus en plus d’ampleur dans cette zone parce que la demande est forte.

Confiante, Salamatou a commencé par élever des caprins. Elle a vu son rêve prendre forme lorsque le Programme d’appui à la décentralisation, à la déconcentration et au développement économique local (PA3D) est venu renforcer les communes vulnérables à l’insécurité alimentaire. Au total, 54 villages répartis dans 26 arrondissements ont bénéficié de l’appui du projet entre June 2009 et September 2014.

Salamatou raconte qu’un soir du retour des travaux champêtres avec son mari, elle a appris via la radio communautaire que la mairie avait un projet de soutien aux éleveurs de petits ruminants. « Les choses sont allées très vite et je suis heureuse d’être la seule à avoir été choisie à Wanrarou », se souvient-t-elle.

Après quelques jours de formation en élevage, elle a pu bénéficier de la construction d’un enclos totalement couvert. Ensuite, elle a choisie de se lancer avec 5 brebis et 2 moutons. En 2012, elle a perdu 5 moutons. Les quelques séances d’initiation avec les vétérinaires ou en compagnie de conseillers des Centres Communaux pour la Production Agricole (CeCPA),lui ont permis de se roder et de régler de petits problèmes liés à la santé des animaux. Les vétérinaires de la CeCPA ont fait un suivi pendant une période d’un an, période pendant laquelle Salamatou était toujours présente et continuait son apprentissage. « Aujourd’hui, je sais quand je dois vacciner mes moutons pour leur éviter des épidémies », explique-t-elle en ajoutant tout sourire « Tout va bien, mes ruminants sont bien portants et les moutons sortent et reviennent à des heures précises après le pâturage ».

Avant l’année 2011, Salamatou dépendait financièrement de son mari. La sécurité alimentaire constituait un défi majeur pour les autorités de la Commune et c’est d’ailleurs pour cette raison que le Maire dépêchait périodiquement sur le terrain le Chef du Service de Planification et de Développement Local, Mme Salifou Rachidath. « Faire ce suivi nous permet de recenser les problèmes et de savoir tirer des leçons pour améliorer des programmes comme le P3AD, les fois à venir. En ajoutant « Nous comptons multiplier les micros entreprises du genre parce que celle-ci est une réussite ».

Un impact bénéfique sur les familles

Le Projet PA3D a eu un impact sur la sécurité alimentaire dans la commune, car il est maintenant facile de s’acheter un mouton à 15 000 FCFA à proximité, et de manger sainement. Ce projet a aussi amélioré la condition de vie des bénéficiaires en leur créant une micro entreprise familiale améliorant ainsi les revenus des foyers.

Salamatou vend deux béliers par an pendant la période de la Tabaski. Les bénéfices de cette vente servent à faire la fête avec sa famille et une partie est épargnée. Les revenus de ses ventes lui ont permis d’acheter une vache, qui est élevée dans un camp peul. Salamatou revend aussi des céréales. Elle a stocké 15 sacs de maïs qui seront revendus pendant la période de soudure. A Wanrarou, Salamatou est un modèle de réussite. Elle projette dans cinq ans de construire une maison en dur au centre-ville de Bembereke, qu’elle mettra en location.

Avec le temps, sa bergerie a évolué à 35 têtes de moutons. Son mari, Seidou Orou Wonka, un cultivateur âgé d’une cinquantaine d’années, lève les deux bras au ciel pour le remercier de cette l’initiative. « Je suis très content pour ma femme, elle est ma fierté dans tout le village. Même si je voyage sans rien laisser comme sous, je ne crains rien tout le monde mange normalement, la preuve est que la sauce qui mijote sur le feu est bien garnie de viandes ».