Au Bénin, un exemple intégré de mesure d’adaptation au changement climatique
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A Matéri, au Bénin, les populations s'approprient un nouvel équipement d’adaptation au changement climatique, supporté par le mécanisme LoCAL via les Subventions pour la résilience climatique basées sur la performance (SRCBP), qui vise à renforcer l'intégration de l'adaptation dans le système national de financement des collectivités locales.
Ce projet d'adaptation au changement climatique, à Tchouga (Doga) dans l’arrondissement de Gouandé, dans la commune de Matéri s’inscrit dans le menu d’investissement du LocAL au Bénin. Cet investissement a été identifié comme un besoin par les populations lors de rencontres avec les autorités locales. Ce projet intégré a permis de :
- réaliser un forage multi-usages équipé d’un système d’exploitation mixte (consommation publique, irrigation et abreuvement des animaux) pour rendre disponible l’eau pour la consommation et pour les activités génératrices de revenus tout en réduisant la pression de la population sur les ressources naturelles en vue d’une meilleure protection de l’environnement ;
- aménager un site en l’équipant d’un système de pompage mixte (énergie solaire et manuelle) permettant le développement des cultures maraîchères pour favoriser le développement économique local et la création des activités génératrices de revenus (maraîchage, production des plants pour le reboisement) à travers l’irrigation ;
- appuyer techniquement et matériellement les pépiniéristes existants à la production d’espèces adaptées aux conditions climatiques de la zone ;
Matéri est l’une des communes du Bénin fortement touchées par les effets du changement climatique qui contribue à l’avancée du désert sur son territoire. Plus particulièrement, la partie nord-ouest de la commune, comprenant essentiellement l’arrondissement de Gouandé est la plus touchée. Dans cette zone, la pression sur les ressources naturelle augment très rapidement et s’explique par la croissance démographique et l’expansion de l’agriculture de type traditionnelle. La déforestation abusive en est à l’origine. Les populations ressentent par ailleurs de plus en plus des effets des changements climatiques avec l’irrégularité de la pluviométrie, les vents violents exacerbés par l’absence d’arbres, les feux de végétation, l’augmentation de la température, la prévalence de parasites/ravageurs et maladies, et la diminution des ressources en eau.
Cette précarité d’ordre climatique draine les populations dans une situation socioéconomique et nutritionnelle difficile car elles ne disposent pas suffisamment d’eau potable, ni de sources d’eau permanentes pouvant leur permettre de développer des activités génératrices de revenus (maraîchage, élevage, production des plants, etc.) ; surtout pendant la saison sèche.
Pour faire face à leurs besoins essentiels, les plus vulnérables se livrent au commerce du bois de chauffe augmentant la vitesse de déforestation. Les moins vulnérables multiplient les superficies cultivées pour obtenir une production plus importante ; se contraignant ainsi à l’abattage de forêts. Ces pratiques locales favorisent l’avancée du désert et l’accentuation des effets néfastes du changement climatique. La demande des populations de trouver des mesures alternatives et de s’orienter vers des activités génératrices de revenus présentant moins d’impacts négatifs sur l’environnement est réelle.
En créant une source d’eau permanente, ce projet favorise la création de plusieurs activités génératrices de revenus, gérées principalement par des femmes. Cette mesure d’adaptation répond au besoin d’environ 2 300 bénéficiaires, directement ou indirectement. Localement, il est attendu que les revenus des populations augmenteront de 25% au moins à travers les activités génératrices de revenus qu’elles développeront. Plus de 30 éleveurs locaux et transhumants traversent la zone chaque année, avec 15 000 à 20 000 têtes environ de bœufs et 3 000 petits ruminants. Un périmètre d’environ 2 ha a été aménagé pour le maraîchage et environ 10 000 plants fertilisants et adaptés aux conditions climatiques seront produits, mis en terre et sécurisés. Enfin, on estime que le phénomène de déforestation sera réduit de moitié grâce aux activités génératrices de revenus développées.
Ce projet a reçu, en septembre 2019, la visite d'une délégation en prélude à la session ordinaire de l’Équipe d’Appui aux Communes, conduite par le Chargé de Mission du Préfet de l’Atacora et constituée du Coordonnateur de LoCAL, de représentants des services déconcentrés de l’Etat, de l’UNCDF, du Fonds National pour l’Environnement et le Climat (FNEC), le Chef de l’arrondissement et le Chef Service de la Planification et du Développement Local de la Mairie de Matéri.