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Inclusion financière des femmes : Une bonne politique ne suffit pas

  • September 23, 2020

  • Brussels, Belgium

Nous avons besoin de confiance, d’équité et d’inclure les femmes dans la prise de décision.

Toute personne possédant un téléphone mobile est consciente du potentiel que représente les services numériques.

Et cela à portée de main. Et pourtant, nous le savons, les technologies numériques ne sont pas toujours inclusives ou équitables. Les femmes, en particulier, ne tirent pas toujours bénéfice des technologies numériques dans leur vie quotidienne. C'est notamment le cas des services financiers en Afrique – et cette situation s’accentue en cette période de pandémie.

Etendre leurs choix

Bien souvent, l'activité économique des femmes et des filles manque de reconnaissance, bien qu’elles soient activement engagées en tant qu'actrices économiques à part entière, en tant que productrices, consommatrices, propriétaires d'entreprises ou membres influentes de la communauté (UNHLP 2016).

La création de systèmes financiers et économiques équitables reconnaît le rôle des femmes en tant que pilier de l'économie et leur permet de contribuer de manière encore plus significative, pour le bénéfice de tous – à travers l’épargne pour l'avenir, l’emprunt bancaire pour financer une entreprise ou le paiement des charges scolaires des enfants. La technologie numérique est un moyen d’y parvenir, mais elle doit être appliquée d'une manière qui soit à la fois inclusive et équitable. 

Bâtir un secteur financier inclusif

De nombreuses variables influencent la création d'un secteur financier inclusif. Par exemple, l'investissement dans l'infrastructure de paiement interopérable nécessaire, les systèmes d'identification équitables et les règles qui favorisent l'accès et suscite la confiance dans les services. Le Partenariat du G7 pour l'inclusion financière numérique des femmes en Afrique est un excellent exemple de la manière dont les acteurs publics, privés et les agences de développement peuvent se réunir autour d’un objectif commun, au-delà des orientations individuelles, et se donner collectivement les moyens de l’atteindre.

Dans ce contexte, l’Accélérateur de politiques publiques de l’UNCDF a pour rôle d’accompagner les gouvernements dans leurs processus de réforme des politiques et réglementations afin d'accélérer l'inclusion financière numérique et, plus particulièrement celle des femmes. Il n'existe pas de processus simple pour accélérer l'inclusion financière numérique, mais celle-ci dépend fortement de deux facteurs cruciaux:

1. Politiques et réglementations qui encouragent l'inclusion financière numérique 

Les cadres réglementaires jouent un rôle essentiel dans la promotion de l'inclusion financière des femmes car ils créent un espace pour les services financiers numériques dont les femmes ont besoin, tout en assurant la sécurité du système. L’action gouvernementale a un impact considérable sur la façon dont les marchés inclusifs se développent et tirent parti des nouvelles technologies. Des politiques et réglementations intelligentes permettent de faire tomber les préjugés qui, trop souvent, empêchent les femmes d'accéder aux services financiers et de les utiliser.

Il existe de nombreuses politiques et réglementations ayant un impact sur l'inclusion financière, et parmi elles, plusieurs outils réglementaires "de base" qui sont des conditions préalables à l'inclusion financière numérique à grande échelle. Parmi ces outils réglementaires "de base", faciliter l'ouverture d'un compte et concevoir des règles de protection des consommateurs pour promouvoir la confiance et l'équité sont essentiels à l'autonomisation économique des femmes.

Facilité d’ouvrir un compte

L'ouverture d'un compte doit être largement accessible, avec ou sans identification. Cela est possible si les réglementations sont basées sur les risques et établissent des seuils limites abordables pour les femmes. Il existe un précédent mondial clair en matière de normes d'ouverture de compte basées sur le risque. De nombreux marchés doivent les adapter au contexte local.

Confiance et équité

Promouvoir la confiance et l'équité est tout aussi nécessaire. Définir ce que l’on entend par "confiance" et "équité" dans la réglementation de la protection des consommateurs de produits financiers peut être un processus complexe. Cela ne devrait pourtant pas dissuader les régulateurs de le faire, car cela garantit la solidité et la stabilité du système. Des études ont montré que les femmes sont plus susceptibles d'utiliser de nouveaux services lorsque leur vie privée est protégée et qu’elles peuvent faire recours en cas de mauvais traitements. Il incombe aux prestataires de services d'instaurer cette confiance, tandis que les gouvernements sont chargés de fixer des normes de pratique et de tenir les prestataires responsables.

2. Les femmes sont impliquées dans le processus décisionnel

Les femmes devraient être habilitées à participer au processus de prise de décision pour les règles les concernant principalement.

Les gouvernements devraient soutenir les femmes politiques et encourager les régulateurs à développer leurs compétences afin de concevoir et mettre en œuvre des règlementations qui favorisent les services financiers inclusifs. Renforcer les capacités des femmes occupant des fonctions décisionnelles, bien qu’essentiel, est insuffisant. Les groupes de femmes et leurs représentantes devraient également être consultées lors de la conception et de la mise en œuvre des politiques qui les concernent au premier chef. C'est notamment le cas pour les réglementations relatives à la protection des consommateurs, où la vie privée, la transparence et l'équité sont des questions cruciales.

Il est également dans l'intérêt des gouvernements de comprendre les expériences singulières des différents groupes de femmes en fonction de leurs appartenances sociales et professionnelles afin que les réformes politiques soient plus ciblées et plus porteuses. Par exemple, les femmes vivant en ville auront une expérience différente de celles vivant en zone rurale, tandis que les entrepreneuses font probablement face à des enjeux différents de ceux des femmes au foyer.

Il est évident que le processus visant à donner aux femmes les moyens de contrôler leur vie financière ne s'achèvera pas en une seule réglementation. Les réformes gouvernementales doivent s’arrimer aux changements sociaux qui s'accélèrent avec l'essor des services numériques. C'est ainsi que les réformes d'aujourd'hui porteront leurs fruits à long terme.

L'engagement du l'UNCDF

En tant que membre du Partenariat du G7 pour l'inclusion financière numérique des femmes en Afrique, l’UNCDF s'est engagé à poursuivre ces axes de changement par le biais de son Accélérateur de Politiques Publiques. En collaboration avec la Fondation Bill & Melinda Gates et le Ministère français des finances, l'Accélérateur aide les gouvernements à concevoir (ou à améliorer) les réglementations relatives à la protection des consommateurs et à l’accès aux services financiers afin de répondre aux besoins financiers des femmes à travers le continent africain. Pour ce faire, nous continuerons à travailler aux côtés des gouvernements afin de mieux cerner les besoins des femmes selon leurs environnements socio-professionnels respectifs, tout en veillant à ce qu’elles aient toujours leur place à la table des décisions.