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10 bougies et un monde de possibilités

  • 23 April 2017

  • Dakar, SÉNÉGAL

Les services financiers mobiles fêtent leurs 10 ans.

Par Sabine Mensah

Spécialiste Technique Régionale, Finance Digitale

Pour plus d' information:
mm4p.uncdf.org

Twitter: @UNCDFMM4P
LinkedIn: UNCDF MM4P

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UNCDF MM4P EN BREF

MM4P est un programme international lancé au Sénégal par l’UNCDF en partenariat avec The MasterCard Foundation. MM4P apporte son soutien au développement de la finance digitale dans des pays parmi les moins avancés dont le Sénégal, le Bénin et la Zambie. A travers ce programme, UNCDF démontre qu’un soutien financier, technique et institutionnel peut aider au développement d'un écosystème de la finance digitale. L’objectif du programme est de rendre ces services financiers accessibles aux personnes à faibles revenus dans ces pays et ainsi de contribuer à l’inclusion financière mentionnée dans les ODD (Objectifs de développement durable). Pour plus d'informations, rendez-vous sur mm4p.uncdf.org et suivez @UNCDFMM4P et UNCDF MM4P sur LInkedIn.

En 2007, Le principal opérateur de téléphonie mobile kenyan SAFARICOM lançait M-Pesa, son portemonnaie électronique, marquant l’avènement des services financiers numériques / mobiles en Afrique, le premier pas du continent en direction de M-Dorado, ce paradis des services financiers digitaux. Dix ans après, quel chemin parcouru ?

M-Pesa a littéralement bouleversé le quotidien des kenyans. On peut quasiment tout faire avec : payer ses factures courantes (eau, électricité, abonnement au câble…) ou encore payer pour ses courses dans pratiquement tous les magasins au Kenya (du méga centre commercial au kiosque au coin de la rue) ; on peut aussi épargner sur M-Pesa, faire fructifier cette épargne, bâtir son historique de crédit, demander un prêt et l’obtenir en moins d’une minute… Depuis peu, il y a M-Akiba, qui permet maintenant aux Kenyans d’acheter des obligations de l’Etat à travers leur téléphone portable, une première au monde. Et la liste est encore longue…

En bref, la saga M-Pesa fait du Kenya le leader mondial en matière d’intégration des services financiers numériques au quotidien des citoyens. Bonus fierté : c’est une invention africaine, pensée pour les africains, mais qui est idéale pour le monde entier.

M-Dorado serait-il donc proche?

Pas si sûr. L’hirondelle M-Pesa n’annonce – malheureusement – pas encore le printemps des services financiers mobiles en Afrique. Pour autant les choses bougent, et dans la bonne direction.

De plus en plus de pays africains adoptent les services financiers digitaux – et de plus en plus rapidement- et réforment leurs législations pour favoriser l’expansion des innovations financières digitales. L’objectif est d’assurer l’inclusion financière des non bancarisés – la majorité de la population – une condition sine qua non pour réaliser le développement de l’Afrique. Et ainsi, de plus en plus de success stories dans la finance digitale bourgeonnent à travers la région, notamment sur le crédit digital : M-Pawa en Tanzanie, MoKash en Ouganda...

Et sur les marchés qui sont entrés moins vite que l’Afrique de l’Est dans l’ère des services financiers mobiles, le vent du changement souffle indiscutablement. Prenons l’Afrique de l’Ouest : selon les statistiques de la BCEAO de septembre 2015, sur les neuf premiers mois de l’année, les usagers de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) avaient réalisé 346,9 millions de paiements mobiles d’une valeur de 5.121 milliards FCFA et 1.260.575 opérations ont été traitées en moyenne par l’ensemble des plateformes de paiement mobile existantes dans l’UEMOA. Ces données parlent d’elles-mêmes.

Alors, la question demeure : comment faire du Kenya la norme et non l’exception en Afrique en matière d’intégration des services financiers mobiles ? Quelques suggestions:

Tout d’abord, il faut créer des marchés régionaux inclusifs et interopérables. La taille ici sera critique pour pérenniser l’expansion de l’industrie des services financiers mobiles.

Ensuite, il faut que les Etats jouent un rôle de catalyseur pour assurer l’adoption des services financiers digitaux en investissant dans la digitalisation des paiements et en créant des incitations législatives en faveur des paiements digitaux.

La réglementation doit anticiper le potentiel des services financiers digitaux et ouvrir un cadre qui permet aux innovations financières digitales d’émerger et ainsi inciter les partenariats gagnant-gagnants entres les banques, les institutions de microfinance, les fintechs, les agrégateurs et les opérateurs mobiles. Cela fait beaucoup d’acteurs et d’intérêts à rapprocher certes , mais il n’en faudra pas moins que cela si les services financiers mobiles doivent pleinement contribuer à l’expansion de l’Afrique.

La volonté y est, en tous cas, et les initiatives entreprises sur le contient le prouvent. Au Sénégal par exemple, un groupe de travail sur la Finance Digitale a été récemment mis en place et s’est réuni le 9 mars passé. Cette rencontre a généré d’intéressantes discussions sur les différents modèles de partenariats pour les services financiers digitaux, particulièrement sur les produits dits de deuxième génération tels que le crédit digital (soumettre une demande de crédit, recevoir le crédit et le rembourser via son téléphone mobile), l’épargne digitale (avoir un compte d’épargne rémunéré sur son téléphone mobile) et la micro-assurance digitale.

Sur la route de M-Dorado, la région ouest africaine devra faire face à deux principaux challenges pour faciliter l’évolution de l’écosystème des services financiers : la nécessite d’adapter les réglementations pour favoriser les innovations financières mobiles, ainsi que le besoin de renforcement des capacités des fournisseurs de services en finance digitale. Ce dernier point est un axe majeur des interventions du programme MM4P. Le programme a facilité la formation de plus de 100 professionnels en l’espace de deux ans au Sénégal et au Bénin, à travers des formations sur la gestion des réseaux d’agents, des ateliers sur la finance digitale pour les institutions financières, des formations en ligne sur les produits financiers digitaux.

Tous ces efforts sont en phase avec les tendances. 10 ans après le lancement de M-Pesa, selon GSMA, l'industrie des services financiers mobiles a franchi une étape majeure : plus d'un demi-milliard de comptes d'argent mobile ont été enregistrés à la fin de 2016, dont plus de la moitié en Afrique sub-Saharienne ! D’aucun dirait que le taux d’utilisation actif n’est pas aussi parlant mais sur la route de M-Dorado, chaque pas compte. Et même s’il y a des efforts à fournir pour développer l’écosystème d’acceptation de la monnaie électronique autour des besoins des clients, nous savons que M-Dorado n’est plus très loin. Nous avançons sans cesse dans la bonne direction, et ça, c’est essentiel!

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Pour plus d' informations, veuillez contacter:

Bery Kandji
Knowledge Management Consultant au Sénégal
bery.kandji@uncdf.org
mm4p.senegal@uncdf.org