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Le Crédit Digital s’étend en Afrique de l’Ouest

  • 06 April 2018

  • Dakar, Senegal

Il nous faut trouver des solutions qui favorisent l’adoption des services financiers mobiles qui sont le gage d’une inclusion financière des populations vulnérables.


© UNCDF/2018

M-PESA est le leader incontesté du Mobile Money en Afrique. En 2012, son ascension fulgurante fait réfléchir Sampoa, le responsable « Innovations » d’une banque au Kenya. Sampao décide de prendre le train en marche avec sa banque en proposant un crédit adapté à l’utilisation du portemonnaie électronique. M-shwari le crédit digital voit le jour dix mois plus tard, grâce au partenariat entre Safaricom M-PESA et la Commercial Bank of Africa (CBA).

En trois semaines de lancement, 645 000 personnes s’inscrivent au service qui propose également un compte d’épargne. Les clients empruntent en moyenne 30 USD à un taux de 7.5% sur trente jours et épargnent en moyenne 5 USD qui sont rémunérés à 7%.

Six ans après, le crédit digital s’étend en Afrique de l’Est. M-Shwari enregistre 14 millions de clients en quatre ans. Des produits comme M-pawa en Tanzanie, Ecocash au Zimbabwe font fureur, tous fruit d’un partenariat banque et opérateur de téléphonie mobile, et combinant crédit et épargne.

D’autres acteurs investissent le créneau, notamment les fintechs et les institutions de microfinance, toujours en partenariat avec les opérateurs. On peut citer entre autres « Tala » et « Branch » toujours au Kenya, « HalaYako » et « Tigo Nivushe » en Tanzanie.

L’Afrique de l’Est qui a ouvert la voie au Mobile Money a pris tout naturellement le lead en matière d’innovation sur ce secteur. Le crédit digital rencontre rapidement un succès auprès des populations à faible revenus. Ces dernières, non bancarisées, ont la possibilité d’accéder à de petits montants pour régler un problème ponctuel, investir, ou améliorer leur quotidien. Une grande opportunité pour booster l’inclusion financière ! Et l’expérience des pays comme la Tanzanie et le Kenya, comporte de grandes leçons sur lesquelles l’Afrique de l’Ouest peut capitaliser.

Le potentiel est bien là pour des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana où les taux de pénétration mobile sont assez élevés, et, où la majeure partie de la population est démunie et n’a pas accès aux services financiers.

Le programme MM4P a saisi l’occasion pour organiser des ateliers de formation sur le crédit digital en faveur de tous les acteurs de l’écosystème de la finance digitale au Bénin et au Sénégal. Sabine Mensah, Spécialiste Technique Régionale du programme explique : « Il nous faut trouver des solutions qui favorisent l’adoption des services financiers mobiles qui sont le gage d’une inclusion financière des populations vulnérables. Pour des personnes à faibles revenus, l’accès quasi instantané à des nano crédits au moment où le besoin se fait le plus sentir ne peut être que bénéfique. Cette formation présente le potentiel du crédit digital et va outiller les acteurs de façon à ce qu’ils puissent réfléchir à une offre qui réponde à certaines exigences : c’est à dire un crédit digital responsable qui communique bien tous les termes au client et les voies de recours, qui protège ce dernier contre les risques de surendettement et qui reste à la portée de tous. »

Les ateliers animés par le cabinet PHB Développement ont permis de revenir sur les fondamentaux du crédit digital et des thématiques comme les modèles de partenariats pour mettre en place un crédit digital mais aussi les coûts et bénéfices d’un tel produit et ses défis réglementaires. Sur ce point, la réglementation en zone UEMOA n’a pas encore circonscrit l’offre de crédit digital à des textes spécifiques. La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) reste ouverte aux discussions pour accompagner l’ensemble des acteurs favorablement.

Des recherches menées au Kenya ont révélé que l'accès et l'utilisation de l'argent mobile ont permis à 194 000 ménages de sortir de l'extrême pauvreté et d'améliorer la vie économique des femmes pauvres et des ménages dirigés par des femmes, tel que prôné par l’Objectif de Développement Durable (ODD) 5. Et des offres innovantes comme le crédit digital permettent d’inclure plus de personnes dans les systèmes financiers, et d’autonomiser les populations à faibles revenus, à conditions qu’elles soient adaptées. Comprendre le marché, ses spécificités et les besoins des clients sont donc les premières étapes pour les acteurs, avant d’investir dans ce type d’offre.

Il y a un an, l’Ouganda a connu son premier produit d’épargne et de crédit digital, lancé par l’alliance CBA/MTN, grâce à l’appui de UNCDF-MM4P. Notre programme à travers l’approche « Human Centric Design » a facilité le design de Mokash de façon à répondre aux attentes des ougandais. Actuellement, Mokash compte plus de 2,5 millions de clients dont une majorité de femme.

Plus proche de nous, le Ghana a récemment lancé « Airtel Money Bosea » et « Jara », et la Cote d’Ivoire, « MoMo Kash ». Nous espérons que la prochaine offre viendra du Sénégal.