Accès aux services financiers en zones rurales : CashZone se déploie dans les localités peu desservies du Bénin
Après avoir accompagné Moov dans le renforcement de son réseau de distribution, nous avons entrepris de soutenir CashZone (agrégateur de réseau de distribution) pour déployer 500 agents dans 15 communes du Bénin afin d’améliorer la distribution des services financiers numériques.
Identifiées par la cartographie Mix comme des zones à fort potentiel économique mais peu couvertes en termes de points d’accès aux services financiers, les 15 communes ciblées vont accueillir des agents CashZone et permettre aux clients de ces zones d’accéder aux services financiers numériques.
Développée grâce au soutien technique et financier de MM4P, le projet CashZone est actuellement déployé dans 10 localités du pays avec 255 agents installés et opérationnel et cible prioritairement les agents femmes et jeunes.
Les premiers agents rencontrés sont enthousiastes mais montrent déjà les premiers challenges à relever sur ce projet pilote : le manque de capital pour investir dans l’activité.
La plupart des agents ont démarré avec de petites sommes. C’est le cas de Ketia, à Banikoara (localité au Nord du bénin), candidate malheureuse au BAC qui a obtenu de son oncle 15 000FCFA comme capital. « J’ai du mal à satisfaire ma clientèle dont la demande en dépôt et retrait est largement supérieure à mon fonds de roulement. Je me limite finalement à la vente de crédit pour le moment » a-t-elle expliqué. Même son de cloche chez Simon, conducteur de barque motorisée à So-Ava (zone lacustre au Sud du Bénin) qui s’est investi dans le « business » parce que « la conduite de barque ne nourrit pas bien ». Il fait tourner son activité avec 25 000FCFA en attendant de pouvoir augmenter son capital. « Si j’arrive à augmenter mon capital, je peux gagner plus de commissions parce que la demande est forte par ici ». Il a un revenu moyen d’environ 3 600 FCFA (7 USD) par mois, pour un capital de 20 000FCFA (40 USD).
Ketia et Simon ont une histoire similaire à celle des autres agents rencontrés : ils voient en mobile money une activité génératrice de revenus. Que ce soit une activité principale ou complémentaire, elle permet à une partie de la population de ces zones de se prendre en charge, même si les revenus sont faibles. Elle est aussi une façon de se construire une identité au sein de la communauté. On facilite l’accès à un service financier à des centaines de personnes, on joue un rôle important dans la communauté !
Les clients des localités pilote reconnaissent, qu’en dépit de ces conditions précaires, le déploiement de ces agents les a rapprochés des services financiers. Ils peuvent faire leurs transactions en toute quiétude sans faire de longues distances, ni perdre de l’argent dans des transports. Dans ces zones, le moindre sou compte.
Reste la problématique du capital pour aider les agents à rentabiliser leur activité. Les modèles qui semblent intéressants pour le moment sont ceux des agents qui ont déjà un business.
Wachilatou, par exemple est propriétaire d’un salon de coiffure à Kouandé. Avec cette activité principale, elle a facilement pu emprunter 500 000 FCFA à sa famille pour démarrer. Avec ses commissions, elle a déjà remboursé ce prêt et parvient à aider son mari dans les dépenses quotidiennes. Elle reconnaît le haut potentiel de l’activité d’agent, surtout qu’elle fait partie des rares agent à fournir ce service dans son quartier. Malheureusement tout le monde n’a pas la même opportunité que Wachilatou.
La suite du pilote nous dira si le manque de capital est vraiment un frein à l’activité d’agents.