Seulement 6% des financements privés mobilisés en faveur du financement du développement ont atteint les PMA entre 2012 et 2018.

Malgré la pression croissante qui pèse sur les pays les moins avancés du monde pour faire face à la Covid -19 et atteindre les objectifs de développement durable, ceux-ci reçoivent la plus faible part de financements privés mobilisés dans le cadre des opérations de financement mixtes. C'est l'une des principales conclusions du rapport « Financement mixte dans les PMA, 2020: Soutenir une reprise résiliente de Covid-19 », publié aujourd'hui par l’UN Capital Development Fund (UNCDF) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

La troisième édition du rapport du financement mixte dans les PMA montre que les PMA n’ont pas exploité pleinement le potentiel du financement mixte, défini dans le rapport comme l'usage stratégique du financement du développement pour mobiliser des financements privés en faveur des objectifs du développement durable (ODD), et débloquer des investissements que le secteur privé n’aurait pas ciblé traditionnellement. Entre 2012 et 2018, les PMA ont reçu 6% du total du financement privé mobilisé dans le cadre d’opérations de financement mixte, soit un total de 13,4 milliards USD. Cela représentait la plus faible proportion de financements privés mobilisés, toutes catégories de pays confondues. À titre de comparaison, les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont reçu 68 milliards USD, tandis que les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont reçu 84 milliards USD.

En dépit du déficit de financement croissant en faveur des ODD, la majeure partie des 13,4 milliard reçus par les 47 PMA du monde a atteint seulement cinq pays (le Bangladesh, le Myanmar, l'Angola, le Sénégal et l'Ouganda). En termes de répartition sectorielle, plus de 60% du financement privé en faveur des PMA dans le cadre d’opérations de financement mixtes a été dirigé vers les trois secteurs de l'énergie, des services bancaires et financiers, et de l'exploitation minière et de la construction. Les secteurs les moins ciblés ont été la santé, l'eau et l'assainissement, l'éducation et d'autres secteurs sociaux.

Ces défis financiers ont coïncidé avec une pression croissante pour répondre à la pandémie de COVID-19, dans la mesure où elle présente un risque important pour les systèmes de santé locaux, en plus des sévères chocs causés par la crise économique mondiale qui a suivi. A moyen / long terme, le rapport indique que le financement mixte peut jouer un rôle clé pour les PMA en les aidant à mobiliser des ressources en faveur de la reprise économique. Cela nécessitera une action immédiate pour commencer à constituer un vivier de projets rentables et susceptibles d'attirer des capitaux privés, ainsi qu'une coordination entre les acteurs du financement du développement pour soutenir les petites entreprises, l'investissement dans des infrastructures durables, la promotion de l'égalité des sexes, la transition vers des économies numériques, et le soutien aux systèmes de santé. Dans l'immédiat, le financement mixte peut jouer un rôle de catalyseur en faveur de la croissance et du renforcement des systèmes de santé dans les PMA, y compris - potentiellement –en faveur de la diffusion de vaccins.

« L’UNCDF est fier de poursuivre son travail et de promouvoir son leadership sur l'utilisation efficace du financement mixte dans les PMA », a déclaré Judith Karl, Secrétaire exécutive de l’UNCDF. « Comme Covid-19 menace la réalisation les ODD dans les pays les moins avancés, et dans le contexte de la « Décennie d’action », des solutions innovatives pour mobiliser des financements indispensables pour les PMA doivent être déployées à grande échelle via des approches systémiques et transformationnelles. Le moment est venu de redoubler d’efforts pour « ne laisser personne de côté ». Nous espérons que ce rapport favorise la discussion et présente de nouvelles alternatives sur la façon dont le financement mixte peut être utilisé pour mobiliser davantage de financement vers les PMA ».

« Les données contenues dans ce rapport sonnent l’alarme : bien trop peu de financement du développement parvient à ceux qui sont les plus en retard, ce qui risque de créer des clivages alors mêmes que la solidarité est plus que jamais nécessaire », a déclaré Jorge Moreira da Silva, directeur de la Coopération pour le développement de l'OCDE. « Alors que le COVID-19 annule déjà les gains réalisés en matière de développement dans les PMA et que de nombreux défis restent à relever, il est urgent de repenser la finance mondiale pour encourager les investissements durables. Le financement officiel du développement peut être mieux exploité pour mobiliser des financements supplémentaires, alignés en faveur des ODD dans les PMA. Par ailleurs, les outils pour accroître la transparence et mesurer l'impact contribueront grandement à accroître les financements mixtes dans les PMA. »

« Le Malawi est très heureux de soutenir la troisième édition de ce rapport, qui intervient à un moment crucial où la pandémie de Covid-19 a accru les besoins de financement des PMA et que le processus préparatoire de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA a commencé », a déclaré SE Perks Ligoya, Ambassadeur et Représentant Permanent de la République du Malawi auprès des Nations Unies et Président du bureau de coordination mondiale des pays les moins avancés. « L’augmentation du financement du développement disponible pour les PMA sera cruciale pour la reprise post-Covid-19 et la réalisation des ODD. »

En plus de présenter des données mises à jour et des contributions pertinentes d’experts, le rapport « Financement mixte dans les PMA, 2020 : Soutenir une reprise résiliente de Covid-19 » comprend un Plan d’acton pour exploiter le potentiel du financement mixte pour les PMA. Le Plan d’Action se concentre sur quatre points :

1. Soutenir les écosystèmes financiers locaux et le développement de marchés de capitaux nationaux: le financement mixte doit être utilisé de manière stratégique pour développer des systèmes de marché durables et renforcer les capacités des acteurs locaux intervenant sur les marchés de capitaux.
2. Concevoir des solutions de financement mixte pour atteindre le « dernier kilomètre » : les acteurs du financement mixte doivent concevoir des structures innovantes qui atteignent les communautés les plus vulnérables et mal desservies.
3. Améliorer la gestion et la mesure de l’impact et promouvoir la transparence : le manque de transparence et de système de mesure de l'impact dans le cadre d’opérations de financement mixte entrave gravement le développement et l'amélioration de ce marché.
4. Déployer le financement mixte à grande échelle grâce à des approches systémiques et transformationnelles : en adoptant une approche de portefeuille et en concentrant les investissements dans des secteurs clés prioritaires dans les plans nationaux de reprise post-crise et en faveur du développement durable, le financement mixte peut jouer un rôle stratégique et significatif en faveur de la reprise post-COVID-19.