Le Programme Spotlight est une initiative mondiale de l'Union Européenne et des Nations Unies qui se sont engagés pour éliminer toutes les formes de violences à l'égard des femmes et des filles. Lancé en septembre 2017, il vise à soutenir les efforts du Niger dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et constitue ainsi un nouveau moyen pour réaliser l’agenda 2030 des objectifs de développement durable (ODD).

Pour l’Afrique, 250 millions d'euros sont débloqués pour les quatre ans dans la première phase de mise en œuvre.
L’initiative concerne 8 pays, à savoir : le Nigéria, le Libéria, le Niger, le Malawi, Mali, Ouganda, Zambie, et le Mozambique. Au Niger, pour la première phase 2019-2020, les actions se sont concentrées dans 300 villages des quatre régions ayant les taux de prévalence de VBG les plus élevés, à savoir les régions de Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder.

Ne laisser personne pour compte

La violence à l'égard des femmes et des filles est l'une des violations des droits de l'homme les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices au monde. Également appelées violences basées sur le genre, elles constituent des obstacles majeurs à l’accomplissement des droits des femmes et des filles et à la réalisation des objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies.
Le choix du Niger répond à la volonté des autorités et des partenaires clés, particulièrement la société civile et les mouvements de femmes, d'améliorer la situation des femmes conformément à la Stratégie Nationale de Prévention et de Réponse aux VBG au Niger (2017-2021). A travers des actions pilotées par les Nations Unies (PNUD, ONU Femmes, UNFPA et UNICEF) et le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, l’Initiative Spotlight constitue ainsi un nouveau moyen de réaliser l’égalité de genre, à travers la complémentarité des acteurs dans la recherche de solutions durables, de manière intégrée et coordonnée.

Pertinence du volet « Réinsertion économique »

L’initiative Spotlight est déployée selon 4 Guichets: Médical, Psychosocial, Clinique Juridique et Réinsertion socioéconomique. Le contexte de COVID-19 a confirmé la pertinence du guichet « Réinsertion économique » dont UNCDF est responsable grâce à un partenariat avec le PNUD.
Cette collaboration repose sur la compétence avérée de UNCDF dans le déploiement d’instruments et des outils de financements innovants et durables capables de faciliter la mise en œuvre d’activités de réinsertion socioéconomique des femmes et des filles victimes de violences basées sur le genre.
L’originalité de la participation de UNCDF a consisté à se fonder sur le mandat des collectivités locales, l’importance de la participation des femmes dans le développement économique local et la pertinence de la maîtrise d’ouvrage des investissements publics et privés avec la participation des populations locales en ne laissant personne pour compte. La première phase a concerné 22 communes situées dans les 4 régions cibles et a consisté à adopter une démarche opérationnelle en déroulant les activités suivantes :

• Réunion de cadrage avec l’ensemble des parties prenantes régionales et locales
• Identification des victimes de VBG
• Mise en place du dispositif de mise en œuvre : Communes qui assurent la maitrise d’ouvrage des investissements, les prestataires de services qui assurent la formation et l’attribution des Kits AGR (Activités Génératrices de Revenues) aux victimes survivantes consentantes et éligibles et les Services techniques déconcentrés de l’Etat (STD) .
• Accompagnement des communes à sélectionner les priorités d’investissements
• Appui et formation à la gestion financière
• Appui à l’organisation de groupes de victimes pour les mener vers une réinsertion sociale à travers le travail
• Appui à la mise en œuvre d’infrastructures et équipements sensibles au genre (PTFM) qui allègent considérablement le travail des femmes et génèrent des revenus aux victimes
• Renforcement des capacités des acteurs locaux grâce à la mise en place d’investissements initiés et gérés par les femmes
• Gestion des connaissances et stratégie de l’approche de financement
• Contrôle de qualités des prestations externes, accompagnement des STD dans la formation et l’appui aux communes dans la mise en place des investissements et conseils aux bénéficiaires.

Des résultats satisfaisants et porteurs d’espoir

Grâce aux activités menées, UNCDF, en collaboration avec les collectivités territoriales et les prestataires de services recrutés, a pu promouvoir un développement économique local inclusif, résilient en faveur des personnes victimes de VBG, et notamment les femmes et les jeunes filles, dans les zones les plus vulnérables identifiées. Au titre des réalisations concrètes, l’on peut citer plusieurs investissements communaux dont 16 Plateformes Multifonctionnelles installées dans 16 villages, ayant permis la réinsertion socioéconomique de 400 femmes vulnérables qui furent formées en vie associative et en gestion.
Les Kits AGR ont été également d’une grande portée avec la distribution de kits soit animaliers soit de transformation de produits agricoles à 600 femmes. Celles-ci ont également reçu une formation en vie associative et en éducation financière.

Les bénéfices sont multiples. En effet, les Plateformes Multi Fonctionnelles permettent un allègement de certaines corvées pour les femmes et donnent des revenus supplémentaires propres. Elles favorisent également une valorisation de la production agricole et une diversification économique. Les formations délivrées renforcent les capacités humaines et de gestion des bénéficiaires. Les kits AGR constituent également un excellent moyen permettant aux victimes de reconstituer leur vie en accédant à des revenus pour la satisfaction de leurs besoins de base (scolarité, santé, alimentation).

De surcroit, passer par les collectivités locales permet d’intégrer cette approche dans les planifications locales et la gouvernance territoriale. Ainsi, la prise en compte des besoins des femmes, en particulier des plus vulnérables est assurée.
Tout ceci leur ouvre la voie vers une responsabilisation sociale et économique en refusant la stigmatisation et en améliorant leurs conditions de vie. Ainsi, l’élargissement du programme à d’autres communes s’impose afin d’atteindre le maximum de survivantes.