Un nouveau fonds national ouvre la voie à une action locale contre le changement climatique en Tunisie
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Lors d'une réunion du comité de Pilotage du Fonds des actions climatiques communales qui s’est tenue à Tunis récemment, les représentants du gouvernement tunisien ont annoncé la décision de la création d’un fonds spécial pour mobiliser et drainer les financements climatiques nécessaires afin de les affecter vers les collectivités locales pour entreprendre des actions d'adaptation et d'atténuation dans les communautés de ce pays d'Afrique du Nord. Une fois opérationnel, le fonds représente le premier instrument dédié au financement des projets de lutte contre le changement climatique conçus localement et donnant la priorité aux besoins au niveau communautaire.
Le gouvernement tunisien s’efforce de réduire les émissions de CO2 et d’augmenter les investissements dans l’adaptation au changement climatique dans le cadre d’une approche à deux volets pour faire face à la pénurie croissante de l’eau dans de nombreuses régions du pays, à l’augmentation des températures et à la variabilité des précipitations. Le nouveau fonds fournit dans un premier temps un cadre pour la répartition des subventions de LoCAL, dont la phase de planification et de conception est achevée et le lancement aura lieu plus tard dans l’année avec le soutien technique du Fonds d'équipement des Nations Unies.
« Cette action permettra l'adaptation au changement climatique au niveau local, en utilisant les systèmes budgétaires existants pour investir dans des actions identifiées localement»,
a déclaré la ministre de l'Environnement, Leila Chikhaoui Mahdaoui, qui a ouvert le 29 janvier le Comité dans la capitale Tunis. « Alors que nous lançons ce processus aujourd’hui… il est important que nous soyons tous informés et que chacun participe à la lutte contre le changement climatique et travaille ensemble pour améliorer son environnement.»
La Tunisie est un pays à revenu intermédiaire qui a récemment publié ses prévisions économiques, en partie à cause des effets dévastateurs d'une sécheresse de quatre ans qui a fait grimper les prix de l'eau et menace la sécurité alimentaire. Autrefois, grenier de l'Empire romain, les agriculteurs tunisiens font face aujourd’hui à plusieurs défis notamment des épisodes de sécheresses récurrents et la diminution des réserves d'eau. Un ancien modèle agricole donnant la priorité aux cultures destinées à l’exportation à forte consommation d'eau a conduit les agriculteurs à se détourner des produits de base traditionnels dans les années 1970, ce qui rend le pays vulnérable face aux importations de céréales.
La première tranche de financement, qui sera mobilisée par le fonds des actions climatiques communales (FACC) a été accordée par l'Union européenne, pour un montant de 7,65 million de dollars, soit environ 7.12 million d’euro, répartis sur quatre cycles budgétaires.
« L'Union européenne est fière de soutenir cet engagement», a déclaré Marina Marchetti, Cheffe de la section Inclusion sociale et Développement durable à la délégation de l'Union européenne en Tunisie,
ajoutant "c'est un programme crucial pour l'action collective sur le changement climatique, qui est l’un des problèmes les plus urgents de notre époque. »
Dans un premier temps, six communes – à la fois urbaines et rurales aussi bien au niveau des régions côtières qu’à l’intérieur du pays – recevront un financement pour des actions climatiques identifiées localement dans le cadre d'une phase pilot : il s'agit de Beni Khedache, Bizerte, Douz, Nabeul, Sfax et Tabarka. Les activités devraient être lancées dans neuf autres communes avant la fin de 2025.
« Le ministère de l’intérieur est profondément convaincu du rôle crucial des collectivité locales en tant qu’acteurs clés et de premier plan dans la lutte contre le changement climatique. Notre ministère est fortement engagé à orienter et soutenir les six communes qui seront une source d’apprentissage, d’expérimentation et d’inspiration pour les autres communes dans l'action climatique»
a déclaré Samira Abidi du ministère de l'Intérieur, directrice générale de la réglementation des règlements, de la propreté et de la protection de l'environnement.
LoCAL en Tunisie doit être mis en œuvre conjointement par le ministère de l'Économie et du Planification, le ministère de l'Environnement, le ministère des Finances et le ministère de l'Intérieur, avec l'assistance technique du FENU.
S'adressant à un public engagé composé de représentants des trois ministères de mise en œuvre, Ronan Pecheur, spécialiste du programme UNCDF supervisant le déploiement de LoCAL en Tunisie, a expliqué l'approche basée sur la performance des allocations de subventions, conçue pour encourager l'investissement dans les bonnes pratiques et créer un apprentissage vertueux.
Alors que les gouvernements locaux sont évalués sur la manière dont les subventions sont utilisées, ce sont les communautés qui décident de la forme que prendront les investissements, en tirant parti de leur expérience vécue des impacts du changement climatique pour identifier les investissements qui répondent le mieux à leurs besoins.
«Le plus important, c'est que la communauté décide», a déclaré M. Pecheur. « Le changement climatique est un défi mondial, mais ses impacts se font sentir de manière plus aiguë au niveau local.»
Avec ce comité de pilotage, LoCAL Tunisie, tous les paramètres du mécanisme ont été adoptés, notamment la composition des organes de gouvernance, l'ouverture du " Fonds pour les actions climat des municipalités " en Tunisie, la sélection des 6 premières communes pilotes et le calcul des montants des subventions. La prochaine étape importante sera la signature officielle du protocole d'accord et le versement des subventions, prévu pour la fin du premier trimestre 2024.
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